"On ne voit que avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux"

Le contenu du livre*

La narration de ce conte est faite à la première personne. Le narrateur se souvient qu'à l'âge de 6 ans, il aimait dessiner des serpents boas.

Il a montré ses «chefs d'œuvre aux grandes personnes» (page 11) mais celles-ci lui «ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de s'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au calcul et à la grammaire» (page 12). Il évoque aussi son enfance solitaire, et son souhait de devenir pilote: «j'ai appris à piloter des avions. J'ai volé un peu partout dans le monde. Et la géographie, c'est exact, m'a beaucoup servi. Je savais reconnaître, du premier coup d'œil, la Chine de l'Arizona. C'est utile, si l'on est égaré pendant la nuit.» (page 12) «J'ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu'à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans» (page 13). Le narrateur doit poser son avion dans le désert.

C'est là qu'il rencontre le Petit Prince. Ce petit bonhomme lui demande de lui dessiner un mouton et lui indique qu'il vient d'une autre planète: «l’astéroïde B 612» (page 19), une planète à peine plus grande qu'une maison. Chaque jour l'aviateur apprend des nouvelles choses sur la planète du Petit Prince, sur son départ, sur son voyage. C'est ainsi que l'enfant lui parle de la psychologie des adultes, de leur caractère sérieux, des baobabs qui encombrent sa planète et qui la perforent de leurs racines. Il lui raconte aussi qu'il adore les couchers de soleil et qu'un jour, il a vu «le soleil se coucher quarante-trois fois!» (page 26).

Puis le petit Prince parle d'une fleur unique, une rose, dont il est amoureux. Il prend peur que le mouton que lui a dessiné l'aviateur fasse du mal à sa rose: «Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n'existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu'un petit mouton peut anéantir d'un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu'il fait, ce n'est pas important ça?» (pages 27-28). Il lui confie aussi qu'il a souffert de la voir vaniteuse et qu'il était sans doute trop jeune pour l'aimer: «J'aurais dû ne pas l'écouter, me confia-t-il un jour, il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m'en réjouir. Cette histoire de griffes, qui m'avait tellement agacé, eût dû m'attendrir...» (page 31).

Le petit prince fait encore cette confidence à l'aviateur:
«Je n'ai alors rien su comprendre! J'aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m'embaumait et m'éclairait. Je n’en aurais jamais dû m'enfuir! J'aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires! Mais j'étais trop jeune pour savoir l'aimer.» (page 31).

Sans doute cette incompréhension et cette déception amoureuse l’ont incité à s'éloigner de sa planète et à voyager. Ainsi il rencontre, murés dans leur solitude, une galerie de personnages: le monarque d'un empire factice, le vaniteux, le buveur qui boit pour oublier qu'il boit, le businessman propriétaire d'étoiles, l'allumeur de réverbères, obligé du fait de la vitesse de rotation de sa planète d'effectuer un travail absurde et ininterrompu, et enfin un géographe, un vieux Monsieur écrivant d'énormes livres . Puis le Petit Prince débarque sur la Terre, et c'est encore la solitude qu'il y rencontre. Il y retrouve en grand nombre les mêmes types de personnage que sur les autres planètes, mais aussi un serpent ne parlant que par énigmes, un désert fleuri de roses et l'écho.... Puis un petit renard lui apparait, un renard qui veut que le Petit Prince l'apprivoise: «Bien-sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...» (page 60).

En écoutant le renard, le petit prince comprend qu'il importe avant tout d'apprivoiser les êtres, de s'en faire des amis, et que le monde s'ordonne autour de cet être unique au monde par l'amour qu'on lui porte. Puis l'enfant évoque un aiguilleur qu'il a rencontré et aussi un marchand de pilules qui font gagner un temps bien inutile. Au huitième jour de panne dans le désert, c'est l'heure de la séparation. Le petit prince souhaite retrouver sa rose. Il a recours au serpent qui résout toutes les énigmes, et repart vers son étoile. Il laisse seul le narrateur qui peut maintenant regarder le ciel avec un autre regard.

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* Le Petit Prince, de Antoine de Saint-Exupéry; Schöningh Verlag; 2007; Paderborn.